La chasse est ouverte

Cela faisait une semaine que les deux Elfes s'étaient installés au palais, et le roi Vinean avait peu à peu fait leur connaissance. Dès qu'une occasion se présentait, il engageait la conversation. Les sujets étaient des plus variés : ils parlaient tantôt de politque tantôt d'économie, voire d'histoire et de batailles. C'était toujours très intéressant et enrichissant. Vinean en apprit beaucoup suis ses invités, mais il devinait qu'ils ne lui disaient pas tout - exactement comme lui leur cachait certaines choses. Mais il avait toujours en envie d'en savoir plus. Les Elfes étaient vraiment très intéressants, il devait bien l'avouer. Cependant, il ignorait toujours s'il pouvait leur faire confiance ou non.

Un jour qu'il s'ennuyait, Vinean alla trouver ses hôtes. Ils étaient occupés à déjeuner dans la cuisine du palais.

"Salutations, maîtres Elfes. Aujourd'hui est un jour magnifique, je compte aller chasser, désirez-vous m'accompagner ? Nous ne serons guère nombreux car seuls quelques-uns des membres de ma cours m'accompagnerons, et j'aimerais que vous veniez. Qu'en ditez-vous ?"

Il regarda à la fois Arya et Nasudis. Il était évident que ce dernier était le chef, mais mieux valait les avoir tous les deux de son côté. De plus, on lui avait appris à faire preuve de courtoisie et de galanterie.

Arya regarda Nasudis, avec un sourire amusée, et dit:

Quand dite vous? Allons-y, sa va être marrant, et sa fait longtemps que je n'ai pas fait de sport.

La proposition du roi n'avait rien de vraiment étonnant, mais Nasudis ne put s'empêcher de se méfier. Pourquoi Vinean choisissait-il une si petite escorte ? Etait-ce par excès de confiance, ou cela cachait-il quelque chose ? Quoi qu'il en soit, il ne pouvait rater une telle occasion.

"Mais bien sûr, Majesté, avec joie. Nous allons chercher nos montures et nous vous rejoignons tout de suite."

Il fit signe à Arya de l'accompagner. Dès qu'ils furent seuls dans les écuries, il lui donna ses instructions.

"Interdiction de tenter quoi que ce soit sans mon accord, il ne doit rien arriver au petit roi sinon on nous soupçonnera immédiatement. A plus, tu peux essayer de le séduire un peu. Sois très prudente, est-ce clair ?"

Arya fut désapointée par cette paranoïa constente qu'avait Nasudis.

Tout a fait. Mais je te rappelle que si sa fait une semaine qu'on fait les clown a la cour Royal c'est pas pour rien!

Nous avons ce que nous voulions: Sa confiance.
Pourquoi continuée a vivre dans la peur d'être trahi alors que nous somme devenu presque proche?

Bien qu'après plusieurs semaines passées avec elle, Nasudis ne s'était pas encore habitué à la naïveté un peu enfantine d'Arya. On ne gagnait pas la confiance d'un homme en une semaine, fût-il un enfant. Il en faudrait plus pour qu'il oublie le petit incident du premier jour.

"Nous ne l'avons pas encore, sa confiance. Mais je viens d'avoir une idée... Si, par un terrible hasard, nous avions des ennuis lors de cette chasse ? Et si le roi était en danger ? Imagine un instant que nous lui sauvions la vie... aurait-il encore des raisons de douter de nous ?"

Il lui lança un clin d'oeil complice, pour être certain qu'elle adhère à son plan.

"Bien sûr, il ne faudra pas qu'il sache que NOUS avons provoqué cet... accident..."

Arya était en admiration devant la perversitée et l'esprit tordu de Nasudis. Jamais un esprit noir ne l'avait autant impréssionée.

Elle réfléchissait au plan de Nasudis. Il lui manquait un élément pour le mener a bien. Elle l'exprima alors tout haut, qu'il puisse lui répondre:

Certe mais, est-ce que tu pense a un monstre en particulier, ou tu attend mes idées?

Nasudis eut un rictus : ainsi, elle comprenait et suivait son plan. Tout se déroulait pour le mieux. C'était donc à lui de faire des concessions et de lui laisser un peu de marge... mais seulement un tout petit peu.

"Je laisse place à ton esprit très imaginatif, mais attention. Bien sûr, tu seras grandement récompensée en cas de réussite, cela va de soi... cette récompense dépendra de l'éclat de ton action..."

Comme tout était établi, l'Elfe renégat prit son cheval par la bride et alla rejoindre Vinean qui les attendait. Enfin, tous les trois se mirent en route.

Le roi et ses deux compagnons galopèrent quelques minutes dans les plaines qui entouraient la capitale de Thargélion. Le paysage, il fallait bien l'avouer, était magnifique, et Vinean le décrivit à ses hôtes avec fierté. C'était lui qui avait l'honneur de gouverner ce royaume. Il semblait si heureux que les deux Elfes ne purent s'empêcher d'être émus - mais Nasudis le cacha bien.

Puis il leur désigna sa ville, peu protégée, qui hélas succomberait en cas d'attaque ennemie.

"J'aimerais en renforcer les défenses, mais je dois dire que je ne m'y connais pas très bien... J'hésite à en parler à ma cours, ils sont comme des vautours prêts à se jeter sur moi à la moindre faiblesse. Alors, qu'en pensez-vous ?"

Il aimait son pays, c'était évidement ; cependant, Nasudis ne s'attendait pas à voir tant d'admiration, de fierté et de joie sur le visage du jeune roi. Il ne devait pas s'ouvrir souvent aux gens de cette manière, le petit. Cela signifiait donc qu'il leur faisait confiance, comme le témoignait en plus sa question sur ses défenses : on ne demandait pas cela à ses ennemis ! Tout allait pour le mieux, mais l'Elfe devait répondre habilement : d'un côté, il était hors de question que le gamin se construise des murailles immenses qui rendraient sa ville imprenable (ce qui, heureusement, coûtait trop cher pour lui). D'un autre côté, minimiser les défenses le rendrait suspect.

Il était hors de question de laisser répondre Arya à sa place. Bon, elle allait certainement bouder pour ça, mais il trouverait bien un moyen de lui le faire oublier. Ce n'était pas très compliqué...

"Il est évident que votre ville n'est pas très défendue, mais je suppose que vous n'avez pas eu beaucoup d'ennemis. Néanmoins, si j'étais vous, j'essaierais de renforcer les palissades, surtout aux endroits les plus fragiles."

Vinean écouta l'avis de l'Elfe avec attention, bien qu'il ne lui apprenne rien de bien nouveau. Ses conclusions étaient évidentes, il ne s'avançait pas beaucoup. Mais mieux valait examiner les palissades pour en repérer les défauts et ensuite savoir ce qu'ils auraient à renforcer. Il poussa son cheval en avant, suivi de ses deux compagnons.

Ils firent un premier tour assez rapide de la ville, pour en remarquer les principaux défauts, puis en firent un autre plus lent et précis. En général, les palissades étaient en bon état, ce qui le rassura. Cependant, elles n'offraient qu'une mince protection. Le roi eut une petite grimace et demanda de nouveau leur avis aux deux étrangers.

"Il est évident que votre ville ne supportera pas une attaque un peu sérieuse. Des brigands se feraient vite éliminer, mais une armée parviendrait sans peine à forcer vos défenses. Cependant, de nombreuses villes ne possèdent guère de meilleures murailles ; certaines n'ont même pas de palissades de bois. Si j'étais vous, par précaution, je les renforcerais un peu. Mais votre ville n'a pas l'air d'être menacée, donc il serait inutile de dépenser beaucoup d'argent dans cet investissement."

Ses conseiles étaient parfaits. Ils paraissaient venir d'un professionnel - ce qui Nasudis était. Si le roi les suivait, ses défenses serait juste assez fortes pour ajouter du piment à la future bataille. L'Elfe adressa un clin-d'oeil discret à Arya, qui avait suivit l'échange sans rien dire mais semblait être d'accord. Vinean, lui, hocha lentement la tête. Il était évident que ses architectes aurait du travail lorsqu'il rentrerait de leur promenade.

Finalement, le jeune homme sortit de sa rêverie et sourit. Il remericia ses hôtes pour leurs précieux conseils et proposa de reprendre leur promenade. Il partit au galop, attendant que les deux Elfes le rejoignent. Dès qu'il fut trop loin pour les entendre et les voir, Nasudis se tourna vers Arya.

"S'il doit se passer quelque chose, c'est maintenant."