Discussion en Himlad

Curufin était très occupé : depuis son arrivée en Himlad, les choses se précipitaient. Depuis que le campement de ses suivants avait été installé sous son drapeau, il n'avait plus un seul moment à lui : il était sans cesse sollicité, et, depuis peu, le bâtisseur et ses assistants réquisitionnaient l'essentiel de son temps. Debout devant leur table, au centre du campement des gens de Curufin, celui-ci faisait les cent pas, de long en large, donnant de temps à autre une instruction à un de ses suivants, qui s'empressait de transmettre son message. Pour le reste, il demeurait devant la grande table carrée recouverte d'amoncellements de cartes et de plans, d'équerres et de règles, de plumes et d'encriers : aménager une vallée prenait décidément trop de son temps !


Exaspéré, au bout de la troisième journée passée ainsi, Curufin ruminait de sombres pensées, et d'ambitieux projets, mais toutes ses idées étaient noyées par un voile d'ennui : il ne pouvait plus converser avec ses frères, et pour cause, personne ne l'avait suivi ici... sauf un. Quel ne fut pas son soulagement lorsqu'il constata en voyant une silouhette entrer dans le campement, que son frère Caranthir l'avait enfin rejoint dans cette vallée battue par les vents les plus froids d'Arda ! Un sourire illuminant son visage narquois, Curufin se tourna vers lui, attendant qu'il arrive jusqu'à la table des planifications de constructions.


Levant son visage vers le ciel ensoleillé, Curufin s'étonna l'espace d'un instant qu'il ne fasse pas plus chaud en ce lieu, et se recommanda intérieurement de se faire confectionner des vêtements adaptés à la rigueur de la température que leur infligeait ce sempiternel vent glacial. Croisant les bras, il pensa s'adresser à son frère, mais préféra tout d'abord éclaircirun point que le bâtisseur qui planifiait n'avait pas encore compris. Pointant du doigt le col de l'Aglon, Curufin parla à un des assistants :


"La forteresse devra se trouver là haut : elle permettra de bloquer les invasions du nord, et de résister à des assauts soutenus, qu'ils viennent du nord ou du sud.

Je veux un bastion quasiment imprenable, à 1850 mètres d'altitude, bloquant le Col de l'Aglon. Le château devra être à moitié hors de la montagne et à moitié en son sein : je veux une forteresse intégrée au col. Dans cette montagne, des fenêtres devront être ouvertes, ainsi que des balcons à flanc de falaise..."


Curufin se retourna ensuite vers son frère, et, d'un air plus détendu, le salua d'une voix calme, murmurant son nom :

"Caranthir..."

Curufin aquiesça, et suivit son frère sous la tente. A l'abri du vent, il fit signe qu'on lui amène la table, afin que les feuilles importantes ne se perdent pas dans les bourrasques descendant du nord. Puis l'elfe s'assit, et resta un long moment silencieux, méditant sur les cartes sous ses yeux. Lorsque son frère parla, un éclat passa dans les yeux de Curufin, qui releva la tête, le visage grave, scrutant Caranthir à travers des paupières à demi refermées :


"J'accepte ton aide, cher frère. Si le cas se présente tel que tu l'as décrit, je ferais appel à tes ressources... Mais, pour le moment du moins, cette idée reste un projet : ne pas partir du principe que l'on a ce que l'on ne possède pas encore."


Curufin se tut subitement après cette réplique assez sèche, réléchissant, car avec les invasions de Morgoth viendraient le besoin urgent d'entretenir une force armée qualifiée et compétente... Ce qui signifiait donc aussi qu'une "alliance" entre Caranthir et lui leur serait à tous deux profitable. Se radoucissant, et d'un ton moins sec, Curufin tenta de rattraper sa réplique froide quelques instants plus tôt. Il ajouta donc d'un ton plus sympathique, comme il parlait habituellement à Caranthir :


"Autant pour moi, il me faudra certainement une aide financière pour faire bâtir cette forteresse... Mais il ne faudra pas non plus négliger nos armées respectives, car les forces armées sont le bras de toute stratégie militaire, n'est-ce pas ? Il faudra donc penser à nos ressources, car des ressources monnétaires importantes sont le nerf de toute guerre..."

Assis, Curufin retomba dans ses noires pensées. Les yeux plissés, il fixait d'un regard absent l'entrée de la tente, sans prêter attention aux déambulations de son frère. Il songeait aux Silmarils, et à où les trouver à présent. Sans s'en rendre compte, il exprima sa pensée à haute voix, murmurant une réflexion quant à certaines rumeurs qui avaient atteint ses oreilles. Du bout des lèvres, Curufin dit :


"La lumière de Fëanor est dispersée... Mais j'ai ouïe dire que l'un d'eux était toujours en Angband... L'autre aurait été perdu lors du combat entre Ungoliant et Morgoth, qu'il soit maudit... on sait seulement que le combat a eu lieu dabs le Nord...

Mais... celane fait que deux... Où pourrait être le dernier ?"

Curufin observa le messager tout du long de son récit, puis reporta son attention sur Caranthir : celui-ci semblait désirer courir au combat, et lui demandait s'il possédait des troupes. Curufin laissa échapper un petit rire amusé, comme s'il venait de toucher la plus grande plaisanterie du siècle :

"Malheureusement, mon cher frère, je n'ai encore entraîné ni équipé aucun guerrier parmi mes gens : la seule garde d'élite dont je disposait lorsque nous avons accosté, a été réquisitionné par Celegorm pour ses intentions belliqueuses... Je ne suis donc pas en mesure de t'aider d'un point de vue soldats, je réserve mon argent pour une mine d'or, qui me permettra de satisfaire les besoins financiers de mon futur royaume."


Voyant déjà une déception à peine dissimulée se peindre sur le visage de son frère, Curufin se dépêcha d'ajouter, d'un ton très assuré, en sortant son épée de son fourreau pour en admirer la lame :

"En revanche, je puis venir en personne, et combattre à tes côtés..."

[Une petite chose technique : pour montrer la supériorité tactique des elfes (bien que moins nombreux), ce sera à vous de poster pour ouvrir la bataille .]

Curufin se retira après avoir soupiré, résigné à suivre le conseil de son frère, et sortit de la tente, et alla recruter des troupes dans une tente voisine, ordonnant ceci à l'un de ses seconds.
Mais il revint bien vite, la main posée sur Angrist, son poignard enchanté. L'air sûr de lui, il répondit à son frère :

"Excuse cette brève absence, j'ai suivi ton conseil. J'aurai désormais sous mes ordres 150 chevaliers de la maison de Père."

Curufin hocha silencieusement du chef, et suivit son frère hors de la tente. Il laissa passer un temps, avant d'enfourcher son destrier elfique à la robe blanche. Puis, saisissant Angrist, son poignard, l'elfe observa son frère, son regard vagabondant entre celui-ci et le fil de la lame qu'il tenait en main :

"Je ne suis pas pour une trop grande subtilité... Mais expose-moi ton plan, mon frère, je t'écoute. Sache que je ne dispose que de ma garde rapprochée de chevaliers que Père m'a confié."

Caranthir saisissa son bouclier que lui tendait Ibun, l'accrocha à son bras puis se tourna de nouveaux vers son frère cadet.
"-Ta garde est bien nombreuse alors. Je n'ai moi même pas de plans, nous verrons bien ur plaçe."
Alors, Caranthir se plaça à la tête de sa troupe et ils commençèrent à
se mettre en route, pensant atteindre l'armée Orque avant la nuit.

Je pense que c'est à toi de poster Curufin puis Manwé, pour nous dire ce que l'on verra.